“La crise pose les questions fondamentales. Pour l’Europe, elle est une belle opportunité”

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Eric Bussière

Eric Bussière est une personnalité remarquable en ce qui concerne les affaires européennes. Professeur à l’Université de Paris IV-Sorbonne et en possession de la chaire Jean Monnet d’Histoire de la construction européenne  depuis 1998, il est un spécialiste dans ce domaine, mais aussi sur l’historie des relations économiques internationales.

-Pouvez-vous nous raconter quelque chose sur votre background? Où est-ce que vous avez fait vos études?

Professeur à l’Université de Paris IV-Sorbonne, chaire Jean Monnet d’histoire de la construction européenne. Directeur de l’UMR (Paris1-Paris4-CNRS) IRICE, du Labex EHNE, membre de plusieurs conseils scientifiques dont celui du Comité pour l’histoire économique et financière de la France (CHEFF) et celui de l ’Association Georges Pompidou dont je suis président d’honneur, administrateur de la Fondation internationale Robert Triffin. Membre correspondant de l’Académie d’histoire du Portugal, membre du conseil scientique de l’Academie européenne de Yuste (Espagne). Egalement directeur ou co-directeur de plusieurs collections d’ouvrages scientifiques. Co-rédacteur en chef de la revue Histoire, Economie et société (HES). Mes travaux portent sur l’histoire des relations économiques internationales, celle de l’Europe et  celle  de la construction  européenne.

-Vous êtes intéressé aux affaires européennes. Pourquoi?

A travers mes travaux sur les questions européennes développés, à travers ma thèse qui portait sur les relations France-Belgique (1919-1935), mes recherches ultérieures sur l’histoire du régionalisme européen, les questions monétaires, l’histoire des banques…._

-Si vous parliez avec un jeune homme maintenant, qui est contre l’UE, que lui diriez-vous pour le faire changer d’avis?

Pertinence des échelles de décision dans les affaires internationales de toute nature, caractère nocif et illusoire de toute forme de repli national, articulation et complémentarités entre cultures et identités nationales dans l’UE.

-Qu’est-ce que vous pensez de la gestion des affaires européennes de Sarkozy? Était-elle positive? Vous considérez positive l’arrivée d’Hollande? Qu’est-ce qu’il peut apporter  au débat européen?

Continuité plus grande qu’on ne pourrait le croire, bonnes réactions de Sarkozy à la crise, espoir d’une nouvelle dynamique allant vers un degré supplémentaire de fédéralisme économique et politique. Obligation pour les pays eurosceptiques de choisir. La question chez Hollande sera celle du courage politique. Ne pas croire que le gouvernement français sous Hollande change à lui seu_l la donne. L’échelle de la question n’est pas la bonne.

-Comment est-ce que vous qualifieriez les leaders européens de nos jours? Est-ce qu’ils sont meilleurs que les leaders des générations précédentes?

Crise du politique d’une manière générale, manque de leadership à l’échelle européenne et non pas seulement nationale. Il manque un Delors à la Commission. La Présidence de l’UE n’a pas encore fait des preuves.

-Comment est-ce que vous pensez (politique et économiquement) que l’Europe va être dans 5 ans?

Plus fédéralisée. Avec les mêmes pays-membres? Des citoyens européens plus responsabilisés, espérons-le.

-Dans le futur : comment va-t-on se souvenir de la période qu’on vit aujourd’hui? Est-ce que les mesures prises vont dans la bonne direction?

Les mois qui viennent seront importants. Courage politique et pédagogie seront indispensables.

-Est-que vous pensez que cette crise est différente des autres? Pourquoi?

Elle pose les questions fondamentales que les responsables comme les citoyens refusaient de voir.

-Finalement: est-ce que la crise est-elle une opportunité pour avoir plus d’Europe? Est-ce que c’est le mieux pour les Européens?

Pour l’Europe il y a une belle opportunité sans aucun doute.

-Merci bien, c’était un vrai plaisir.